MES ANNEES VESPERALES - Thiébaud Le Chanjour

MES ANNEES VESPERALES - Thiébaud Le Chanjour

1. SOLARITE INTIME - Origine et essence d'un blog

Le premier article d'un blog est rarement le plus facile à rédiger. Ce premier texte va me permettre de présenter le mouvement intérieur à l'origine de l'existence de ce blog. En effet, cet espace de communication est né davantage d'une impulsion de vie que d'une décision réfléchie. C'est ce qui en fait tout l'intérêt à mes yeux.

 

Le présent blog n'est pas mon premier : j'ai commencé à bloguer en 2008 en français et en anglais. Après avoir tenu divers blogs, j'en ai ouvert trois dont celui-ci qui est mon tout dernier. Les deux autres sont plus anciens. Nés pendant la crise covid, période de ma vie où je stagnais dans un mode de pensée limitant, rejouant à mon insu certains scénarios toxiques, ceux-ci peinent à être remplis : leur lien évident avec mon passé pèse sur leur gestion. 

 

L'année 2024 a été un temps fondamental dans ma vie. Les circonstances m'ont imposé une transformation intérieure radicale dont l'ouverture de ce blog est un des résultats. Il y a exactement un an au moment où j'écris ce texte, j'étais gravement malade. Pendant près de trois semaines, j'ai souffert d'une pancolite fulgurante qui m'a mené à être hospitalisé cinq jours en urgence. J'étais à deux doigts de la perforation intestinale et d'une septicémie aux conséquences fatales. L'antibiothérapie m'a sauvé la vie. Le médecin-chef qui avait la responsabilité de mon cas m'a expliqué le lien causal entre mon mode de vie déséquilibré et l'infection grave de mon côlon : forte activité (travail, sport) sur fond de dette de sommeil récurrente et de stress prolongé. Epuisé, mon organisme avait lâché là où il était le plus faible : le système digestif. Paradoxalement, l'alimentation n'était pas la source première de ma maladie. De retour chez moi, j'ai beaucoup réfléchi à ce qui m'était arrivé ; j'ai compris que je devais revoir mon mode de pensée général afin de pouvoir agir autrement. Je devais acquérir un mode de vie plus respectueux de mon corps, ce qui ne pouvait se faire sans transformation mentale.

 

L'après-coup de cette infection s'est d'abord centré sur la récupération physique. J'avais perdu beaucoup trop de poids très vite : 13 kg en seulement neuf jours. Ensuite, ce fut le temps d'impulser les changements psychologiques nécessaires pour modifier la gestion de ma vie. La période de convalescence a été pour moi une transition : j'ai commencé un nettoyage psychique conséquent voire radical en certains domaines. Le fait que le côlon ait été touché était symbolique : c'est l'organe principal de l'expulsion des résidus organiques et de ce qui ne peut servir à notre équilibre physique interne, l'organe de la vidange.

 

Très naturellement, j'ai ressenti le besoin impérieux d'exclure de ma vie ce qui ralentissait mon progrès personnel. Je n'ai même pas réfléchi : mon psychisme s'est mis au diapason de mon corps. J'ai commencé à voir les choses différemment côté travail mais aussi dans mes liens interpersonnels quels qu'ils soient. Un tri s'est opéré sans même que j'agisse : des gens se sont éloignés tandis que d'autres se sont rapprochés, avec parfois d'énormes surprises à la clé. Certains ont eu une conduite envers moi en complet décalage avec celle que je me serais attendu d'eux, que ce soit en positif ou négatif. Sur le plan humain, gare aux préjugés. Seuls les actes - ou leur absence - prouvent la valeur véritable d'une personne.

 

La maladie m'a fait me retrouver, M'ECOUTER davantage et mieux. Une énergie de vie s'est remise à circuler en mon être. Le côlon est un organe dont la fonction excrétrice le rend vital : il nous désempoisonne. C'est ce processus d'élimination de toxines et de résidus anciens qui s'est aussi mis en branle dans mon psychisme.

 

Grâce à ma maladie qui avait agi tel un signal d'alarme, j'ai entrepris un reparamétrage de mon vécu quotidien après coup : j'ai revu la hiérarchie de mes priorités et révisé ma vision de la vie. La loi de l'ego qui était la mienne a été abrogée. Même si je n'en étais pas conscient, le pouvoir de mon mental, par sa puissance, m'avait finalement mené au seuil de la mort. En cause, un mode de vie où le corps est à dresser, où la rigueur se confond trop souvent avec rigidité et où mon intérêt particulier passe au second plan.

 

Depuis lors, mes liens avec les autres se sont redéfinis. Je m'aperçois que des gens auxquels je tenais - et tiens encore - s'éloignent de moi : nous n'avons plus les mêmes centres d'intérêt ou si nous en avons, nous ne les abordons plus de la même manière. Pendant ce temps, de nouvelles personnes apparaissent et d'autres qui avaient disparu depuis longtemps de ma vie reviennent tout doucement, en tout cas semblent s'annoncer. C'est passionnant à vivre, mais aussi inconfortable car certaines des personnes qui quittent ma vie me sont chères. Leur présence correspond à de moments de qualité inoubliables partagés ensemble. Mais ainsi va la vie. Vous ne pourrez jamais retenir contre son gré celui dont le mouvement intérieur l'envoie peu à peu à mille lieues de vous. Chacun doit accepter cette liberté individuelle propre à tout être humain.

 

Ma relation générale avec les autres s'est clarifiée. Je suis beaucoup plus honnête avec eux : je ne m'interdis plus de montrer mon désaccord ou ma réserve. J'expose ma position ouvertement avec respect. Si c'est compris et pris en compte, tant mieux. Sinon, je m'éloigne des personnes... pour de bon, sauf au travail où je n'ai pas le choix de mon entourage. En tout cas, je ne perds plus mon temps à expliquer à qui ne veut pas l'entendre ma réflexion ou mon opinion sur un sujet. Celui, sourd à mes propos, a décidé qu'il avait raison quoi que je dise. Pour lui, je suis juste là à tenter de justifier mon point de vue. A ses yeux, je me rabaisse. En retour, je n'ai que sa condescendance ou son mépris. Lorsqu'une personne vous signifie une fin de non-recevoir, la relation est clairement dans une impasse. Vous pouvez tenter de remédier à la situation si vous sentez que ça en vaut la peine. J'ai 60 ans : je n'ai plus de temps à concéder au rejet de ma personne et surtout de mes idées, en particulier lorsqu'elles reposent sur des faits ou une éthique rigoureuse. Je n'ai plus à justifier quoi que ce soit : j'ai une assise morale solide qui a fait ses preuves. Comme je l'ai dit plus haut : ce sont ses actions, et non ses pensées, fussent-elles de qualité, qui déterminent la valeur réelle d'un individu. Ma maladie m'a obligé à devenir congruent



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Après ma convalescence, ma vie a pris un tel tournant positif que moi-même, j'en reste surpris. Ainsi, l'extérieur a répondu rapidement à mon changement intérieur en cours. Alors que je cherchais un nouveau travail depuis des mois, j'ai fini par être contacté par un employeur qui m'a embauché. Pendant des années, j'étais un homme mélancolique au cœur éclairé par la clarté lunaire, au ressenti féminin, un homme des clairs-obscurs, un rien effacé car contrarié par un traumatisme de jeunesse. Voici que s'éveille en moi un homme plus solaire, masculin, avec des teintes plus franches. Mes prochaines années de vie seront clairement sous cette influence. Je suis au couchant de ma vie, à ce moment précis où le soleil débute sa descente sur l'horizon. L'astre du jour y est encore brillant. Sa lumière encore jaune, à peine orangée, devient plus douce, réconfortante, moins agressive. C'est ce soleil qui m'anime à l'intérieur, s'harmonisant parfaitement à la période de ma vie qui débute.

 

Je suis entré dans les temps vespéraux de mon existence humaine. Je me sens tellement mieux avec moi-même que ma créativité s'en trouve réveillée après quelques années de récession dues au covid et aux restrictions légales (censure publique). J'ai à nouveau envie de m'exprimer sur un espace d'échange public. Ce blog résulte de la résurgence de cette flamme intérieure restée sous forme de braise pendant quatre ans. 

 

Je souhaite aux lecteurs de passer d'agréables moments intellectuels en lisant ou écoutant mes textes, même en cas de désaccord avec le fond. Je compte sur l'intelligence et le respect de chacun. C'est l'essence même du pluralisme démocratique et de la diversité humaine : accepter - et respecter - l'autre tel qu'il est, dans TOUTE sa différence, notamment de pensée.

 

Thiébaud Le Chanjour 🌞



10/02/2025
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